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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/53

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Le second était l’habitation ordinaire ou plutôt nocturne de l’employé ; il contenait quelques pauvres ustensiles de ménage, un lit, une table, deux chaises, une fontaine de grès, plus quelques herbes sèches pendues au plafond, et que le comte reconnut pour des pois de senteur et des haricots d’Espagne dont le bonhomme conservait la graine dans sa coque ; il avait étiqueté tout cela avec le soin d’un maître botaniste du Jardin des Plantes.

— Faut-il passer beaucoup de temps à étudier la télégraphie, monsieur ? demanda Monte-Cristo.

— Ce n’est pas l’étude qui est longue, c’est le surnumérariat.

— Et combien reçoit-on d’appointements ?

— Mille francs, monsieur.

— Ce n’est guère.

— Non ; mais on est logé, comme vous voyez.

Monte-Cristo regarda la chambre.

— Pourvu qu’il n’aille pas tenir à son logement ! murmura-t-il.

On passa au troisième étage : c’était la chambre du télégraphe. Monte-Cristo regarda tour à tour les deux poignées de fer à l’aide desquelles l’employé faisait jouer la machine.

— C’est fort intéressant, dit-il, mais à la longue c’est une vie qui doit vous paraître un peu insipide ?

— Oui, dans le commencement cela donne le torticolis à force de regarder ; mais au bout d’un an ou deux on s’y fait ; puis nous avons nos heures de récréation et nos jours de congé.

— Vos jours de congé ?

— Oui.

— Lesquels ?

— Ceux où il fait du brouillard.