Page:Dumas - Le Salteador.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’est que cette terre que leur avait livrée la trahison du comte Julien était la terre de prédilection des fils du Prophète. Située entre l’Afrique et l’Europe, l’Andalousie est, pour ainsi dire, un sol intermédiaire qui participe des beautés de l’un et des richesses de l’autre, sans en ressentir ni les tristesses ni les rigidités, c’est la végétation luxuriante de la Métidja arrosée par les fraîches eaux des Pyrénées ; on n’y connaît ni l’ardent soleil de Tunis, ni le rude climat de la Russie. Salut à l’Andalousie ! la sœur de la Sicile, la rivale des îles Fortunées !

Vivez, aimez, mourez aussi joyeusement que si vous étiez à Naples, vous qui avez le bonheur d’habiter Séville, Grenade ou Malaga !

Aussi, j’ai vu à Tunis des Mores qui me montraient la clef de leur maison de Grenade.

Ils la tenaient de leurs pères, et comptaient la léguer à leurs enfants.

Et, si jamais leurs enfants rentrent dans la ville d’Aben-al-Hamar, ils retrouveront et la rue et la maison qu’ils habitaient, sans que les deux cent quarante-quatre ans écoulés de 1610 à 1854 y aient apporté grand changement, si ce n’est de réduire à quatre-vingt mille âmes cette riche population de cinq cent mille habitants ; si bien que la clef héréditaire ouvrira, selon toute probabilité, la porte d’une maison ou vide, ou dont leurs indolents successeurs n’auront pas même pris la peine de faire changer la serrure.

En effet, rien d’espagnol n’a germé sur le sol, dont la végétation naturelle est le palmier, le cactus et l’a-