Page:Dumas - Le Salteador.djvu/19

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ou du palmier qui se balance dans l’oasis, des pieds dont la nudité permettait d’admirer la petitesse et l’élégance, tel était l’ensemble physique du personnage sur lequel nous nous permettons d’attirer l’attention du lecteur.

Quant à son costume, d’une sauvage fantaisie, il se composait d’une couronne de jasmin de Virginie, arrachée au treillage de la petite maison que nous avons déjà décrite, et dont les feuilles d’un vert sombre et les fruits de pourpre s’harmonisaient admirablement avec le noir de jais de sa chevelure. Son cou était orné d’une chaîne composée d’anneaux plats de la largeur d’un philippe d’or, enchevêtrés les uns dans les autres, et lançant de fauves reflets qui semblaient des jets de flamme. Sa robe, bizarrement coupée, était faite d’une de ces étoffes de soie rayées d’une bande mate et d’une bande de couleur, comme on en tissait alors à Grenade, et comme on en fabrique encore à Alger, à Tunis et à Smyrne. La taille était serrée par une ceinture sévillane à franges d’or, comme en porte de nos jours l’élégant majo qui, sa guitare sous la mante, s’en va donner une sérénade à sa maîtresse. Si la ceinture et la robe eussent été neuves, peut-être eussent-elles blessé la vue, par les tons un peu trop accentués de ces vives nuances, amour des Arabes et des Espagnols ; mais les froissements et les fatigues d’un long usage avaient fait de tout cela un charmant ensemble qui eût réjoui alors l’œil du Titien, et qui, plus tard, eût fait bondir de joie le cœur de Paul Véronèse.

Ce qu’il y avait surtout d’étrange dans cette jeune