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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

État-major général.
« Au quartier général de Roverbella, le 26 nivôse, à huit heures du soir.

» Le général en chef ordonne, général, que vous vous portiez sur-le-champ avec deux pièces d’artillerie légère et toute la cavalerie que vous pourrez réunir, et particulièrement les cent dragons qu’il a envoyés ce soir, pour reconnaître la position de l’ennemi[1], observer ses mouvements et être tout prêt à l’attaquer avec succès dès l’instant que le général Dallemagne, auquel le général en chef envoie l’ordre, aura fait son mouvement pour tomber également sur l’ennemi.

» Les troupes arrivées ce soir à Roverbella sont excédées de fatigue et ont besoin de deux heures de repos ; après lequel temps, elles seront prêtes à agir ; elles recevront les ordres du général en chef pour les mouvements qu’elles doivent faire d’après la reconnaissance que vous allez faire et que vous lui enverrez, et d’après les rapports qu’il attend incessamment sur les reconnaissances qu’il a ordonnées sur les différents points de la Molinella.

» Quelque chose qui arrive, vous devez jeter dans Saint-Georges les vivres et le monde nécessaires pour que ce poste puisse se défendre quarante-huit heures. Le général en chef vous a déjà fait donner l’ordre par le général Serrurier[2] de réunir un corps de quinze cents hommes, composé de l’élite de votre

  1. C’était à la tête de ces dragons que mon père était parti en présence même du général en chef ; mais Bonaparte tenait à ce que tout fût, sinon fait, du moins censé fait par ses ordres et par son initiative. — Nous verrons quelque chose de curieux du même genre à propos de la bataille des Pyramides. Bonaparte était un habile metteur en scène ; mais qu’on nous laisse croire que la Providence, qui l’avait pris pour instrument, comme elle fait des hommes de génie, était bien pour quelque chose dans le succès des pièces qu’il a jouées.
  2. On a vu que cet ordre était parvenu à mon père dans la journée et bien avant l’arrivée de Bonaparte.