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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le fait est que la lettre qui attachait mon père à la division Masséna était sèche et eût même blessé un homme d’un caractère moins susceptible que le sien.

La voici ; elle était datée du lendemain même de la bataille où mon père avait eu deux chevaux tués sous lui.

« Au quartier général de Roverbella, le 28 nivôse an v de la République une et indivisible.
» Le général de division, chef de l’état-major.

» Le général en chef ordonne au général divisionnaire Dumas de partir pour Marmirolo dès qu’il aura été remplacé par le général Chabot, et de se rendre à la division du général Masséna pour servir à l’armée active sous les ordres de ce général à Vérone.

» Alex. Berthier. »

Cette fois, il n’y avait plus ni salut ni fraternité, même en abrégé.


VIII


Première brouille de mon père avec Bonaparte. — Mon père est envoyé au corps d’armée de Masséna. — Il partage le commandement de Joubert dans le Tyrol. — Joubert. — Campagne du Tyrol.

Ce qui avait exaspéré mon père, c’est qu’il était impossible que, même avec la meilleure volonté du monde, Bonaparte eût cru un instant à cette note, observation, puisque c’était en vertu des ordres mêmes qu’il avait reçus de lui que mon père avait fait cette héroïque défense du 27, dans laquelle, avec des troupes trois fois inférieures en nombre à celles du maréchal, il le repoussa dans Mantoue.

Voici les ordres que Bonaparte dictait à Berthier au moment même où, après l’avoir quitté chez lui au presbytère de Saint-Antoine, mon père, à la tête d’une poignée de dragons, repoussait la sortie nocturne de Wurmser.