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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


xxxx » Où sont mes amis ? où est la respectable Manita ? Je pleure sur notre séparation… Mais j’espère les rejoindre bientôt, oui, bientôt, car je m’ennuie diablement loin d’eux !
xxxx » Notre passage du désert et nos diverses batailles ne nous ont presque rien coûté. L’armée se porte bien ; on l’habille en ce moment. Je ne sais si nous irons en Syrie : nous sommes prêts. J’ai eu le malheur de perdre ma…[1] à la prise d’assaut d’Alexandrie.
xxxx » Donnez-moi de vos nouvelles, je vous en prie.
xxxx » Jugez de la lâcheté de ce grand peuple tant vanté : je me suis emparé de cette immense cité, le 5 du mois, avec deux compagnies de grenadiers seulement.
xxxx » Cette ville a six cent mille âmes de population.
xxxx » Adieu, mon bon ami ! j’embrasse mille fois Marcelin, sa mère, son père, son papa Carlo et nos amis.
xxxx » Croyez-moi, pour la vie, le plus dévoué des vôtres.

» Dupuis.

» J’écris par ce courrier à Pépin et à Spinola. Dites à Pépin qu’il est bien heureux d’avoir été exilé ; plût à Dieu que je l’eusse été aussi ! Je l’embrasse, lui et sa famille. Mes amitiés au pauvre Pietto. J’embrasse Honoria, votre frère et votre oncle. »

Ainsi, qu’on juge par cette lettre de l’enthousiasme général. Voilà un homme qui était gouverneur du Caire et qui reconnaissait la place bien supérieure à ses mérites, et il eût mieux aimé être exilé que de jouir de l’honneur qu’on lui faisait !

» Sans doute un gouverneur est un grand personnage, disait Sancho ; mais, plutôt que d’être gouverneur de Barataria, j’eusse mieux aimé rester dans mon village et garder mes chèvres. »

Une lettre de l’adjudant général Boyer, dont nous mettons

  1. Hâtons-nous de dire que, le mot étant illisible, à ce qu’il parait, les Anglais n’ont pu l’imprimer ; ce qui nous laisse dans le doute sur la chose importante que le général Dupuis avait eu le malheur de perdre.