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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

vahir les États romains et à nous chasser de Rome, que nous occupions.

Cependant, quoique résolue, la guerre n’était pas encore déclarée ; l’ambassadeur demanda une seconde fois au gouvernement de Naples compte de ce qui se passait.

Le gouvernement répondit qu’il désirait plus que jamais la continuation des bonnes relations entre le gouvernement napolitain et le gouvernement français, et que les soldats dont se préoccupait M. Garat n’étaient dans leurs camps respectifs que pour s’instruire.

Mais, quelques jours après, c’est-à-dire le 22 novembre, parut un manifeste dans lequel le roi Ferdinand rappelait les désordres révolutionnaires de la France ; les changements politiques de l’Italie ; le voisinage des ennemis de la monarchie et de la tranquillité générale ; l’occupation de Malte, fief du royaume de Sicile ; la fuite du pape, et les périls de la religion. Puis, à la suite de cet exposé de griefs, il déclarait que, par ces nombreux et puissants motifs, il conduirait une armée dans les États romains, afin de rendre à ce peuple son légitime souverain, le chef de la sainte Église, et le repos aux peuples de son royaume. Il ajoutait que, ne déclarant la guerre à aucun monarque, il engageait les armées étrangères à ne point contrarier la marche des troupes napolitaines, qui n’avaient d’autre but que de pacifier Rome et le territoire du saint-siège.

En même temps, des lettres particulières des ministres du roi de Naples aux ministres étrangers excitaient ceux-ci à faire aux Français, non pas une guerre de bataille rangée, mais une guerre d’assassinats et d’empoisonnements.

C’est incroyable, n’est-ce-pas ? c’est impossible même ! Lisez la lettre du prince Belmonte-Pignatelli, ministre du roi de Naples, au chevalier Riocca, ministre du roi de Piémont.

La voici :

« Nous savons que, dans le conseil de votre roi, plusieurs ministres circonspects, pour ne pas dire timides, frémissent à l’idée du parjure et du meurtre, comme si le dernier traité