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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» En nous faisant cette déclaration au nom de la fausse altesse, on nous avait promis positivement que, lors de notre mise en liberté, nos armes, nos chevaux et nos papiers nous seraient fidèlement rendus.

» Avec les intentions que l’on avait sur nous, on pouvait impunément nous promettre tout cela.

» J’insistai pour voir une seconde fois l’altesse royale, et lui demander des explications sur cette captivité à laquelle je ne comprenais rien, ignorant la reprise des hostilités entre Naples et la France ; mais il va sans dire que Son Altesse royale ne se prodiguait pas ainsi.

» Je lui écrivis alors ; mais, d’après l’explication que je viens de donner, on comprend que ma lettre resta sans réponse.

« Un mois environ après cette visite, et comme, je ne sais dans quel but, on nous faisait espérer notre prochain renvoi en France, arriva une lettre du cardinal Ruffo, dont communication nous fut donnée.

» Cette lettre nous invitait, le général Manscourt et moi, à écrire aux généraux en chef des armées de Naples et d’Italie pour traiter du cartel de notre échange contre il signor Boccheciampe, qui venait d’être fait prisonnier et conduit à Ancône. La lettre ajoutait que le roi de Naples faisait plus de cas de ce signor Boccheciampe, seul, que de tous les autres généraux napolitains, prisonniers de guerre, soit en Italie, soit en France.

» Nous adressâmes, en conséquence, au cardinal les lettres nécessaires ; mais le cardinal, ayant appris que Boccheciampe avait été, non pas fait prisonnier, mais tué, la négociation qui ne pouvait plus avoir le résultat attendu, demeura sans effet.

« Bien plus, un matin, le gouverneur civil et politique de Tarente et le commandant militaire se firent introduire près de nous, et nous déclarèrent qu’ils avaient ordre de nous faire transporter à l’instant même, le général Manscourt et moi, au château ;

» Cet ordre reçut immédiatement son exécution.

» Le lendemain, à force d’instances, nous obtînmes que nos domestiques vinssent nous rejoindre.