Page:Dumas - Mes mémoires, tome 1.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

16 octobre 1799, renverse le Directoire un mois après, dans la fameuse journée du 18 brumaire, se fait nommer premier consul, marie sa sœur Caroline à Murat, part pour l’Italie le 6 mai 1800, passe le mont Saint-Bernard avec son armée dans les journées du 19 et du 20, et bat les Autrichiens à Marengo, le 14 juin 1800, le même jour où Kléber est assassiné au Caire par Soliman.

Le 12 janvier 1801, Murat avait quitté Milan pour envahir Naples et délivrer Rome.

Le 18 février, l’armistice dont nous avons parlé, et auquel mon père devait sa liberté, avait été conclu entre la France et le roi de Naples.

Enfin, comme nous l’avons vu, mon père était arrivé le 5 avril au quartier générai de Florence, d’où il avait expédié au premier consul le rapport qu’on vient de lire, et que j’ai copié sur le manuscrit écrit de sa main, signé de son nom.

En arrivant à Ancône, le 23 germinal an îx, mon père s’était empressé d’écrire aux consuls la lettre suivante :

« Citoyens consuls,

» J’ai l’honneur de vous informer que nous sommes arrivés hier dans cette ville, avec quatre-vingt-quatorze prisonniers, tant officiers, sous-officiers que soldats et marins, pour la plupart aveugles ou estropiés. Nous nous bornons, dans ce moment, à vous dire que les traitements que nous avons éprouvés du gouvernement de Naples le déshonorent aux yeux de l’humanité et de toutes les nations, puisqu’il a, pour se débarrasser de nous, employé les moyens les plus affreux, même celui du poison.

» J’aurai, du reste, l’honneur de vous envoyer au quartier général de Florence le rapport détaillé de toutes les infamies dont le gouvernement napolitain s’est rendu coupable à notre égard.

» Agréez, citoyens consuls, l’assurance de nos respects. »

Le mois de juillet suivant ; il écrivait à Murat :