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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Mon père, alors, avait au moins compté sur sa solde pendant ces deux ans de captivité.

Il s’était adressé à ce sujet à Bonaparte ; cette lettre fut la dernière, je crois, qu’il lui écrivit : c’était quelques jours après ma naissance.

« 7 vendémiaire an x.

» Je croyais, ainsi que vous me fîtes l’honneur de me le dire, être rappelé de mes appointements arriérés à compter du 30 pluviôse an vii. Les revues ont établi le décompte de ce qui m’était dû pour ce temps. J’ai été soldé des trois premiers trimestres de l’an ix ; mais le ministre de la guerre me dit, par sa lettre du 29 fructidor dernier, que je ne puis recevoir ce qui me revient pour une partie de l’an vii et de l’an viii, en entier, attendu que l’arrêté que vous avez pris en ma faveur porte textuellement que je ne serai rappelé que pour ce que la loi m’accorde, c’est-à-dire deux mois de traitement d’activité.

» Mais, général consul, vous connaissez les malheurs que je viens d’éprouver ! vous savez mon peu de fortune ! vous vous rappelez le trésor du Caire !

» J’espère donc assez en votre amitié pour croire que vous voudrez bien ordonner que je sois soldé de ce qui me reste de l’an vii et de l’an viii. C’est tout ce que je demande.

» Les empoisonnements successifs que j’ai subis dans les prisons de Naples ont tellement délabré ma santé, qu’à trente-six ans, j’éprouve déjà des infirmités que je n’aurais dû ressentir que dans un âge plus avancé.

» J’espère donc, général consul, que vous ne permettrez pas que l’homme qui partagea vos travaux et vos périls languisse au-dessous de la mendicité, quand il est en votre pouvoir de le mettre au-dessus du besoin en lui accordant un témoignage de la générosité nationale dont vous êtes l’organe.

» J’éprouve un autre chagrin, général consul, et qui, je l’avoue, m’est plus terrible encore que ceux dont je me suis plaint. Le ministre de la guerre m’a prévenu, par une lettre