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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Nous dirons plus tard ce que c’était que M. Collard ; en attendant, contentons-nous de consigner ici que c’était un des bons amis de mon père.

La lettre était conçue en ces termes :

« Mon cher Collard,

» Je vous envoie mon imbécile de garde, que vous connaissez. Il s’imagine qu’une vieille femme le cauchemarde toutes les nuits, et, pour en finir avec son vampire, il veut tout simplement le tuer. Comme la justice pourrait trouver mauvaise cette manière de se traiter soi-même des étouffements, je vous l’envoie sous un prétexte quelconque. Envoyez-le chez Danré de Vouty, qui, sous un autre prétexte, l’enverra chez Dulauloy, lequel, avec ou sans prétexte, l’enverra au diable, s’il veut.

» En somme, il faut que sa tournée dure une quinzaine de jours. Dans quinze jours, nous habiterons Antilly, et alors, comme il ne sera plus dans le voisinage d’Haramont, et que probablement son cauchemar le quittera en route, la mère Durand pourra dormir tranquille, ce que je ne lui conseillerais pas de faire, si Mocquet demeurait dans les environs.

» Il vous porte une douzaine de bécassines et un lièvre que nous avons tués hier en chassant dans les marais de Walue.

» Mille tendres souvenirs à votre belle Herminie, et mille baisers à votre chère petite Caroline. 

» Votre ami,xxxxxxxx
» Alex. Dumas.

» P.-S. Nous avons reçu hier des nouvelles de votre filleule Aimée, qui se porte bien ; quant à Berlick, il grandit d’un pouce par mois, et court toujours sur la pointe des pieds.
xxxx » Les sabots n’y ont rien fait. »

Mocquet partit une heure après la lettre écrite, et, trois semaines écoulées, vint nous rejoindre à Antilly.

— Eh bien, lui demanda mon père, le voyant gaillard et bien portant, et la mère Durand ?