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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

À six heures, mon père recevait cette troisième lettre :

« Au quartier général à Montanara, ce 26 nivôse, sur les quatre heures et demie.
» Le général Dallemagne au général Dumas.

» En supposant que le général Montaut ne soit pas encore rendu avec ses cinq cents hommes à Formigosa, je viens de lui écrire pour précipiter sa marche. Comme le général Serrurier me marque qu’en cas d’attaque, il faut tenir jusqu’à la dernière extrémité, en conséquence de ce que je crains beaucoup, si l’ennemi m’attaque et si tu prévois que ces cinq cents hommes ne te soient pas bien utiles, fais-moi l’amitié de me les renvoyer ; quoi qu’il en soit, si l’ennemi attaque, nous ferons en sorte de le bien recevoir.

» Je t’embrasse.xxxxx
» Dallemagne. »

On voit la préoccupation dans laquelle mettait cet excellent Dallemagne l’idée du danger que courait mon père.

Ce n’était pas mon père, c’était Miollis, qui portait le poids de toute cette journée.

Provera avait marché droit devant lui, et, par Ceva, Sanguinetto, Torre et Castellaro, était venu donner de front contre Saint-Georges, où commandait Miollis.

Le général autrichien connaissait le mauvais état dans lequel se trouvaient les fortifications de Saint-Georges, et il espérait bien que Miollis n’essayerait pas même de lui disputer le passage ; aussi le fit-il sommer tout simplement de se rendre.

Miollis répondit par une effroyable canonnade, que non-seulement mon père entendait de Saint-Antoine, mais dont il voyait même la fumée.

Mon père expédia aussitôt Dermoncourt pour avoir des nouvelles positives. D’enclos en enclos et de haies en haies, Dermoncourt, fort jeune, fort alerte et fort brave, gagna Saint-Georges et y trouva le général Miollis, qui faisait à la fois face à Provera et à Wurmser.