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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/158

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

En conséquence, le mercredi 28 octobre, à sept heures du soir, Deutz fut amené dans la maison des demoiselles D uguignv, où il fut introduit sans connaître la rue ni le lieu de l’entrevue. Après une heure et demie d’entretien, il prit congé de la duchesse, convaincu qu’elle quittait la maison en même temps que lui, et qu’elle l’avait reçu chez des personnes dévouées, et non pas chez elle ; Il ne put donc ni donner des renseignements assez précis sur les localités, ni affirmer assez positivement dans quel lieu on était sûr de trouver la fugitive, pour qu’on risquât une tentative d’arrestation qui pourrait n’avoir d’autre résultat que de mettre la duchesse sur ses gardes.

Deutz demanda une seconde entrevue, prétendant que, dans le trouble que lui inspirait la présence de la princesse, il avait oublié de lui communiquer des choses de la plus haute importance. La duchesse et les personnes qui étaient près d’elle ne pensèrent pas qu’elle dût le recevoir une seconde fois ; non pas par méfiance de lui, mais par la crainte qu’étant étranger à Nantes, il ne fût observé et suivi par la police. On répondit donc qu’on lui ferait remettre les dépêches dont on avait l’intention de le charger, mais que la duchesse refusait de le recevoir.

Un refus si positivement exprimé mit en alarme tous les suppôts de la haute et basse police. Ils découvrirent une religieuse qui avait et méritait toute la confiance de Madame ; Deutz, sous ses dehors de piété, trompa facilement cette bonne sœur, et lui persuada qu’il avait, en effet, des choses importantes à communiquer à la duchesse, choses que, dans sa première entrevue avec elle, son émotion lui avait fait oublier.

La sœur, convaincue que l’audience demandée était d’un grand intérêt pour Madame, s’empressa d’aller la solliciter. Pendant ce temps, Deutz et ses compagnons s’applaudissaient de l’heureuse idée qu’ils avaient eue de rendre la piété et la confiance complices de leur trahison.

La bonne religieuse revint triomphante, rapportant la promesse d’une audience pour le 6 novembre. Cette démarche,