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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/35

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» À partir de ce moment, je ne vis plus rien ; j’entendis seulement des cris de douleur, un froissement de fer, et je sentis une main qui me prenait par le cou, et me secouait violemment. Puis cette main me souleva à deux pieds de terre, et me lança contre la muraille.

» Je retombai évanoui sur les dernières marches de la cave.

» Et, cependant, du fond de cet évanouissement, mais sans pouvoir en sortir, je sentais ceux qui montaient et descendaient l’escalier de cette cave me passer sur le corps.

» Enfin, par un violent effort de ma volonté, je parvins à me réveiller.

» Je me relevai d’abord sur un genou, la tête courbée, comme si elle était si lourde que je ne pusse la porter ; puis, enfin, avec l’aide de la muraille, je me redressai sur mes pieds.

» En ce moment, un officier m’aperçut, s’élança sur moi, et, m’écrasant de coups de pied et de coups de poing :

» — Comment ! s’écria-t-il, il y a jusqu’à des gamins ici ?

» En même temps, je reçus dans les reins un coup de crosse d’un soldat.

» Ce coup de crosse me jeta contre le mur.

» Instinctivement, je mis les mains en avant ; sans quoi, j’avais la tête écrasée.

» Auguste, qui me suivait, fut plus heureux : tandis que l’on m’assassinait, il se glissa rapidement par l’escalier, et échappa à une partie des mauvais traitements qu’éprouvaient ceux qui avaient été trouvés dans la cave.

» Enfin, avec force bourrades, on me fit remonter dans la cour ; comme tous les autres prisonniers, je fus gardé à vue sous la porte cochère du n° 5.

» Notre garde se composait d’un sergent et de deux soldats.

» J’avais pleuré si longtemps, on m’avait si fort maltraité, que je pouvais à peine me tenir sur mes jambes ; aussi, au bout de quelques minutes, sentis-je que je m’évanouissais de nouveau. J’étendis les bras en appelant au secours. — Le sergent s’élança et me soutint.