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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 10.djvu/99

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

lui confier ce qui se passe, en lui demandant de tout arranger, de manière que la comtesse Camerata n’éprouve aucune persécution, aucun désagrément, et qu’on ne la force pas à s’éloigner de Viennè ?

Après avoir attentivement examiné cette affaire, le chevalier de Prokesch approuva la résolution du prince, et se chargea volontiers de la mission que lui avait confiée Son Altesse.

Le lendemain, il reçut un billet qui contenait les lignes suivantes :


« Depuis que je vous ai vu, j’ai reçu une nouvelle lettre de la comtesse Camerata. C’est le valet de chambre d’Obenaus qui avait mis sur la table la première, que je vous ai confiée ; renvoyez-Ia-moi : il est convenable et nécessaire que j’en parle à Obenaus. J’arrangerai les choses, de manière à éviter toute tracasserie et tout scandale ; mais je ne veux pas répondre. Qu’il ne soit plus question de cela. » J’espère vous revoir à six heures pour reprendre nos lectures.

» François de Reichstadt. »


La comtesse Camerata, quoiqu’elle n’eût point reçu de réponse, ne se tint pas pour battue. Au risque de ce qui pouvait lui arriver, elle resta encore trois semaines à Vienne, se trouvant partout sur le chemin du prince, au théâtre, au Prater, à Schönbrunn.

Jamais le duc de Reichstadt ne fît mine de la connaître ! Lassée de ce mutisme, elle partit enfin pour Prague.

La conduite du prince eut sa récompense : dans le même mois, l’empereur — l’empereur François II, toujours, — le nomma lieutenant-colonel ; mais, comme si le destin eût voulu lui faire comprendre qu’il devait être César ou rien. aut Cæsar, aut nihil, dès les premiers commandements qu’il essaya de formuler, sa voix s’enroua, et il lui fallut discontinuer son service. Une toux fréquente succéda à son