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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/204

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS
« Monsieur,

» Je n’ai pas besoin de vous dire pour quelle cause je désire vous rencontrer dans une des allées de la forêt avec deux témoins, vous le savez aussi bien que moi.

» Comme vous pourrez prétendre que vous ne m’avez pas insulté, et que c’est moi qui vous provoque, je vous laisse le choix des armes.

» J’ai l’honneur de vous saluer.

» P.-S. Vous ne rentrerez probablement ce soir qu’assez tard, et je ne puis exiger une réponse ce soir ; mais je désire la recevoir demain d’aussi bon matin que possible. »

» Le lendemain matin, en se réveillant, il reçut une poignée de verges avec la carte de don Audim.

» C’était l’arme qu’avait choisie son rival. »

On juge de l’effet que produisit sur moi la fin de ce récit. Hélas ! c’était la narration fidèle de tout ce qui m’était arrivé.

Ainsi avaient fini mes premières amours, et s’était terminé mon premier duel.

Je poussai un cri de rage, et, m’élançant hors de l’étude, je revins tout courant chez ma mère, qui jeta les hauts cris en voyant l’état dans lequel je me trouvais.

Dix minutes après, j’étais couché dans un lit bien bassiné, et l’on avait envoyé chercher le docteur Lécosse, lequel me traita pour une fièvre cérébrale, qui, prise à temps, n’eut pas de suites.

Je prolongeai, au reste, ma convalescence à dessein, et ne sortis que lorsque les deux Parisiennes eurent quitté Villers-Cotterets.

Je ne les ai jamais revues depuis, ni l’une ni l’autre.