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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/238

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Plusieurs fois, de Leuven essaya de s’introduire dans cette chambre, mais il fut constamment repoussé.

Il s’était fait en lui, depuis quatre heures de l’après-midi, un changement notable ; à la suite d’une conversation qu’il avait eue avec son père, et dans laquelle celui-ci m’avait paru s’être singulièrement moqué de lui, Adolphe était devenu inquiet, presque soucieux, et, quoique repoussé avec obstination de la chambre de Louise, — où se tenait, comme je l’ai dit, la réunion, — il s’y représentait toujours avec acharnement.

— Ah ! bon, dis-je en moi-même après avoir réfléchi, il veut avoir des nouvelles de son quatrain, et savoir s’il a réussi.

Et, comme la raison pour que de Leuven insistât me paraissait suffisante, je n’en cherchai point d’autre.

Seulement, je regrettai, à part moi, de n’avoir pas, pour me faire pardonner mes fautes, les moyens que la nature partiale avait mis à la disposition d’Adolphe.

Ce regret me poursuivait dans la chambre d’Hyppolyte, où nous nous étions retirés en nous demandant ce que pouvait être devenu de Leuven, disparu depuis une heure, lorsque tout à coup un grand bruit, au milieu duquel nous distinguions les cris Au voleur ! retentit dans le château. Comme nous étions encore tout habillés, nous nous élançâmes hors de notre appartement, et descendîmes vivement l’escalier.

Au bas de l’escalier était M. Collard, en chemise, tenant Adolphe au collet. .

Le spectacle était étrange.

M. Collard avait l’air très-furieux, et Adolphe fort contrit.

Sur ces entrefaites, M. de Leuven, qui n’était pas encore couché, arriva, calme comme toujours, les mains dans les goussets de son pantalon, et mâchant un cure-dent, selon son habitude.

Ce cure-dent était pour M. de Leuven une distraction obligée.

— Eh bien, qu’y a-t-il donc, Collard, et qu’avez-vous après ce garçon ?

— Ce que j’ai ? ce que j’ai ? s’écriait M. Collard s’exaspé-