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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/239

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

rant de plus en plus. J’ai que cela ne peut pas se passer ainsi !

— Bah ! et qu’est-il donc arrivé ?

— Ce qui est arrivé ?… Je vais vous le dire !…

— Pardon, mon père, disait Adolphe, qui tenait à placer quelques mots de justification, pardon, mon père, mais c’est que M. Collard se trompe… Il croit…

— Veux-tu bien te taire, malheureux ! s’écriait M. Collard en frappant du pied.

Puis, se retournant vers le comte de Ribbing :

— Venez, mon cher de Leuven, lui dit-il ; je vais vous dire où j’ai trouvé monsieur votre fils.

— Mais puisque je vous proteste, cher monsieur Collard, que c’était purement et simplement pour…

— Tais-toi ! interrompit M. Collard. Viens avec nous ; tu te justifieras, si tu peux.

— Oh ! dit Adolphe, ce ne sera pas difficile.

— C’est ce que nous verrons !

Et, poussant le jeune homme devant lui, il fit signe au comte de Ribbing d’entrer dans sa chambre, y entra lui-même, et ferma la porte à double tour.

Nous nous retirâmes silencieusement, Hippolyte, moi et les autres spectateurs de cette scène curieuse.

Au bout d’un quart d’heure, Adolphe revint.

Il avait l’oreille si basse, que nous n’osâmes point lui demander de détails. Nous nous couchâmes, ignorant la cause de tout ce bruit.

Mais, quand Hippolyte fut endormi, de Leuven vint me trouver, et me raconta tout.

Voici ce qui était arrivé :

Adolphe, comme je l’ai raconté, avait, le matin, écrit le fameux quatrain sur l’album de Louise.

Le quatrain écrit, nous étions sortis, aussi vivement que possible, de la chambre de la jeune fille.

Vers quatre heures, Adolphe n’avait pas pu y tenir, et, tirant son père à part, il lui avait dit son quatrain.

M. de Ribbing avait gravement écouté jusqu’à la dernière syllabe du quatrième vers ; puis il avait dit :