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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/265

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Ah ! ma foi, cherchez ; j’ai bien cherché, moi.

Maubreuil était en effet tombé de haut, comme l’avait dit son protecteur Roux-Laborie.

Bon ! je m’aperçois que je nomme son protecteur, moi qui ne voulais nommer personne.

N’importe ! continuons.

Maubreuil était tombé de haut, car il était d’une excellente famille. Son père, marié en secondes noces à une sœur de MM. de la Rochejaquelein, était mort dans les guerres de la Vendée, avec une trentaine d’autres personnes de sa famille.

Roux-Laborie, secrétaire du gouvernement provisoire, avait donc répondu de Maubreuil.

Il avait fait plus : il avait dit à M. de Talleyrand… — Allons ! voilà que, sans m’en douter, j’arrache encore un masque ; ma foi, tant pis ! puisque ce visage blême est à découvert, qu’il y reste ! — Il avait donc fait plus : il avait dit à M. de Talleyrand :

— Je vous l’amènerai.

Mais, toujours prudent, M. de Talleyrand s’était écrié :

— Y pensez-vous, mon cher monsieur ? amener M. de Maubreuil à moi ! Et pourquoi faire ? C’est chez Anglès qu’il faut le conduire ! c’est chez Anglès qu’il faut aller ! Vous savez bien que c’est Anglès qui mène tout cela.

— Eh bien, soit ; je l’y conduirai, avait répondu le secrétaire du gouvernement provisoire.

— Quand cela ?

— Ce soir même.

— Mon cher, vous êtes un homme impayable.

— Retenez le mot, monseigneur.

Et Roux-Laborie salue, sort et court chez Maubreuil.

Maubreuil n’était pas chez lui.

Quand Maubreuil n’était pas chez lui, on savait où il était. Il était au jeu. Mais à quel jeu ? Il y a tant de tripots à Paris !

Roux-Laborie court toute la nuit sans le trouver, revient chez Maubreuil, et, comme Maubreuil n’était pas encore rentré, il laisse un mot à son domestique.