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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/266

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Dans ce mot, il lui donne rendez-vous chez lui, pour le lendemain, 1er avril. Il l’attendra toute la journée.

La journée se passe, et, le soir, Maubreuil n’a pas paru.

C’est terrible pour un homme d’honneur, de manquer à sa parole. Que pensera M. de Talleyrand d’un homme qui a tant promis, et qui tient si peu ?

Deux fois dans la journée, il a écrit à Maubreuil ; le temps presse ; aussi le second billet est pressant.

Voyez plutôt :

« Pourquoi n’êtes-vous pas venu ? Je vous ai attendu toute la journée. Vous me désespérez ! »

Maubreuil rentre à six heures du soir pour changer de linge. Il trouve le billet ; il court chez Roux-Laborie.

— Qu’y a-t-il ?

— Votre fortune à faire.

— Me voici !

— Suivez-moi.

On monte en voiture, on va chez M. Anglès ; M. Anglès est à l’hôtel de la rue Saint-Florentin.

On court à l’hôtel de la rue Saint-Florentin ; M. Anglès vient d’en sortir.

On demande le prince.

Impossible ! le prince est très-occupé : il trahit.

Il est vrai qu’il trahit en bonne société ; il trahit avec le sénat.

Le lendemain, Maubreuil et Roux-Laborie reviennent.

Le prince n’est pas plus visible que la veille ; le prince est au Luxembourg.

Mais n’importe, on les introduira tout à l’heure dans son cabinet, qui est occupé en ce moment. D’ailleurs, peut-être reviendra-t-il.

— Attendons ! dit Roux-Laborie.

Et ils attendent un instant dans le salon vert, — vous savez, dans ce salon vert devenu historique, — ils attendent en lisant les journaux.