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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/277

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signé du ministre de la guerre : il dispose de la force civile, il faut qu’il dispose de la force militaire.

Il va trouver le ministre de la guerre. Il obtient un ordre pareil à celui que nous venons de citer.

Le ministre de la guerre est le général Dupont.

Il y a des signatures qui ont une fatale destinée !

Le 22 juillet 1808, cette signature est au bas de la capitulation de Baylen ; le 16 avril 1814, elle est au bas de la commission Maubreuil !

L’une, sans combat, livre la liberté de quatorze mille hommes à l’ennemi ; l’autre livre à un voleur et à un assassin l’or et la vie d’une reine !

Comme on est fier, en face de pareilles erreurs, de n’avoir jamais mis son nom qu’au haut d’un drame, bon ou mauvais, qu’au bas d’un livre, mauvais ou bon !

Outre ces deux ordres, Maubreuil s’en fait donner encore trois autres dans les mêmes termes :

Une de Bourrienne, directeur provisoire des postes… De Bourrienne, comprenez-vous ? — Mais ce n’est pas ce même Bourrienne qui fut secrétaire de l’empereur ?… — Pardonnez, c’est bien le même !… Où serait l’infamie, sans cela ? Il met les postes à la disposition de M. de Maubreuil.

Un du général Sacken, gouverneur de Paris.

Un du général Brokenhausen.

Grâce à ces deux derniers ordres, Maubreuil, qui dispose déjà de la police par Anglès, de l’armée par Dupont, des postes par Bourrienne, disposera aussi des troupes alliées par le général russe et par le général prussien.

Il est vrai que, le 3 avril, le lendemain du jour où le Journal des Débats et le Journal de Paris ont publié les spirituels articles que vous connaissez, on chantait à l’Opéra les deux charmants couplets que vous allez connaître, le tout sur l’air de Vive Henri IV ! air national, s’il en fut :

Vive Alexandre !
Vive ce roi des rois !
Sans rien prétendre,
Sans nous dicter des lois,