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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/282

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

La voiture de la princesse continue donc sa route vers Villeneuve-la-Guyare. La conscience de Maubreuil et de d’Asies est tranquille : la princesse n’a-t-elle pas cent napoléons pour subvenir à ses besoins ?

À la poste suivante, on ouvre la ceinture de Maubreuil pour payer. On n’y trouve que quarante-quatre napoléons. On dépose aussitôt la ceinture et les quarante-quatre napoléons entre les mains du juge de paix de Pont-sur-Yonne.

En quittant Fossard, Maubreuil défend au maître de poste de donner des chevaux à qui que ce soit avant trois heures.

On est payé. Maintenant, on peut s’occuper de la seconde partie de la mission, de la moins importante pour Maubreuil, de tuer l’empereur.

On est au 21 avril.

Le 19, l’empereur, abandonné de tout le monde, est resté avec un seul valet de chambre.

Le moment était bon ; malheureusement, on l’a laissé passer. On guettait la princesse rue Saint-Lazare ; on ne peut pas être partout à la fois.

Le 20, c’est-à-dire la veille, l’empereur a fait ses adieux à sa garde. Ce n’est pas au milieu de tous ces brigands-là qu’on pouvait l’aller attaquer.

Le 21, comme nous l’avons vu, on était bien occupé.

Et voilà que justement l’empereur a profité de ce moment pour partir de Fontainebleau, avec les commissaires des quatre puissances.

Bah ! si l’on ne tuait pas l’empereur ?… Puisqu’on a volé la reine de Westphalie, puisqu’on tient son or et ses diamants, cela reviendrait au même !

On ne tuera pas l’empereur.

On revient à Paris, où l’on passe la nuit au jeu. Une partie des quatre-vingt-quatre mille francs de la princesse s’engloutît là. — Il y avait quatre-vingt-quatre mille francs en or dans la petite cassette que vous savez.

Le lendemain, Maubreuil se présente chez M. Anglès. Il est au désespoir : d’abord, d’avoir perdu une partie de son or ; ensuite, d’avoir manqué Napoléon.