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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 2.djvu/57

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

accompagné ou suivi ledit Bonaparte, à moins que, dans le délai de huit jours, ils ne viennent faire leur soumission. 

» Art. III. Seront pareillement poursuivis et punis, comme fauteurs et complices de rébellion, tous administrateurs civils et militaires, chefs ou employés payeurs, ou receveurs de deniers publics, même les simples citoyens qui prêteraient, directement ou indirectement, aide et assistance à Bonaparte. 

» Art. IV. Seront punis des mêmes peines ceux qui, par des discours tenus dans des lieux ou réunions publics, par des placards, affiches ou des écrits imprimés, auraient pris part, ou engagé les citoyens à prendre part à la révolte, ou à s’abstenir de la repousser.

» Donné au château des Tuileries, le 6 mars 1815, de notre règne le vingtième.

» Signé : Louis. »

Le bourgeois relit ; la chose n’est pas claire pour lui.

Le fonctionnaire n’a pas besoin de relire, il a tout compris…

A-t-on idée d’une pareille nouvelle, annoncée à la France de pareille façon !

Que les abonnés du Moniteur aient compris du premier coup ou aient été obligés de relire à deux fois, la catastrophe n’en fit pas moins une explosion rapide et bruyante.

Dix minutes après que le Moniteur avait été ouvert à la mairie de Villers-Cotterets, l’événement fut connu d’un bout à l’autre de la ville, et chaque maison sembla pousser d’elle-même ses habitants dans la rue.

Tous les autres journaux gardaient le silence.

Voici comment la nouvelle était arrivée à Paris, et avait amené la proclamation et l’ordonnance que nous venons de lire.

C’était de Lyon que, le 5 mars au matin, la nouvelle du débarquement au golfe Juan avait été transmise à Paris par le télégraphe.

On comprend ce retard, la ligne télégraphique s’arrêtant, à cette époque, à Lyon.

Un courrier expédié le 3, de Marseille, par le commandant