ainsi que les moyens ingénieux à l’aide desquels j’étais arrivé à ce résultat.
— Ma foi, dit-il, j’avais bien envie de t’offrir ma bourse ; mais, en vérité, ce serait gâter l’ensemble de tes opérations. On n’arrive pas où tu es pour échouer ; tu dois réussir avec tes cinquante francs, et je ne veux pas t’ôter le mérite de tout devoir à toi seul. Va donc en paix et avec courage ! Si tu as absolument besoin de mes services, écris-moi de Paris.
— Ainsi vous avez bon espoir ? dis-je à M. Danré.
— Excellent !
— Venez-vous jeudi à Villers-Cotterets ?
Le jeudi était le jour du marché.
— Oui ; pourquoi cela ?
— Parce que je vous prierais, en ce cas, de faire partager cet espoir à ma mère ; elle a une grande croyance en vous, et, comme chacun s’acharne à lui dire que je ne ferai jamais rien…
— Le fait est que tu n’as pas fait grand’chose, jusqu’à présent !
— Parce qu’on a voulu me pousser dans une voie qui n’était pas la mienne, cher monsieur Danré ; mais vous verrez que, lorsqu’on me laissera faire librement ce à quoi je suis destiné, vous verrez que je deviendrai un grand travailleur.
— Prends garde ! je m’y engagerai en ton nom vis-à-vis de ta mère.
— Vous le pouvez, je vous en réponds !
Le surlendemain, comme il était convenu, M. Danré vint à Villers-Cotterets, et vit ma mère. Je guettai son entrée ; je laissai engager la conversation, et j’entrai à mon tour.
Ma mère pleurait, mais paraissait décidée.
En m’apercevant, elle me tendit la main.
— Tu es donc résolu à me quitter ? dit-elle.
— Il le faut, ma mère ; d’ailleurs, sois tranquille, si nous nous quittons cette fois-ci, ce ne sera pas pour longtemps.
— Oui, parce que tu échoueras, et que tu reviendras à Villers-Cotterets.