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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/233

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Qu’on se rassure ! ces trois fables sont bien de M. Arnault, et non de M. Viennet.

D’ailleurs, j’en réponds, et l’on acceptera bien ma caution pour trois fables.

Hâtons-nous de dire, au surplus, que les fables qu’on va lire n’ont de fables que le titre : ce sont de véritables épigrammes.

le colimaçon.

Sans amis comme sans famille,
Ici-bas, vivre en étranger ;
Se retirer dans sa coquille,
Au signal du moindre danger ;
S’aimer d’une amitié sans bornes ;
De soi seul emplir sa maison ;
En sortir, selon la saison,
Pour faire à son prochain les cornes ;
Signaler ses pas destructeurs
Par les traces les plus impures ;
Outrager les plus belles fleurs
Par les baisers ou ses morsures ;
Enfin, chez soi, comme en prison,
Vieillir, de jour en jour plus triste ;
C’est l’histoire de l’égoïste
Ou celle du colimaçon.

le droit de chacun.

Un jour, le roi des animaux
Défendit, par une ordonnance,
À ses sujets, à ses vassaux,
De courir sans une licence
Sur quelque bête que ce soit ;
Promettant, il est vrai, de conserver le droit
À quiconque en usait pour un motif honnête.
Tigres, loups et renards, de présenter requête
À Sa Majesté : loups, pour courir le mouton,
Renards, pour courir le chapon,
Tigres, pour courir toute bête.
Parmi les députés, qui criaient à tue-tête,