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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/237

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

tout. Il en avait fait sur son portrait, sur la porte de son jardin, sur l’abbé Geoffroy, sur la niche de son chien, sur un poëte en uniforme dont le portrait venait d’être exposé au dernier salon.

Voici ces vers, dans lesquels se trouve non-seulement l’esprit, mais encore le caractère de l’auteur :

vers sur le portrait de l’auteur.

Sur plus d’un ton je sais régler ma voix :
Ami des champs, des arts, des combats et des fêtes,
En vers dignes d’eux, quelquefois,
J’ai fait parler les dieux, les héros et les bêtes.

pour la porte de mon jardin.

Bons amis dont ce siècle abonde,
Je suis votre humble serviteur ;
Mais passez : ma porte et mon cœur
Ne s’ouvrent plus à tout le monde.

sur un bon homme qui n’a pas le vin bon[1]

Il est altéré de vin ;
Il est altéré de gloire ;
Il ne prend jamais en vain
Sa pinte ou son écritoire.
Des flots qu’il en fait couler,
Abreuvant plus d’un délire,
Il écrit pour se soûler,
Il se soûle pour écrire.

pour la niche de mon chien.

Je n’attaque jamais en traître,
Je caresse sans intérêt,
Je mords parfois, mais à regret :
Bon chien se forme sur son maître.

  1. L’abbé Geoffroy.