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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Entendez-vous du bal
Les gais accords, le doux signal ?…

Fidèle à l’exécution de la transaction, Dumanoir ne s’en servit qu’une fois, et le rendit à Adolphe, qui, rentré en possession de son chœur, continua de s’en servir, à la grande satisfaction des spectateurs.

Il est vrai que tous ces chœurs-là s’inclinaient humblement devant le chœur de Jean de Calais. Il était d’Émile Vanderburch, un des auteurs du Gamin de Paris, et terminait la pièce.

Le voici :

Chantons les hauts faits
De Jean de Calais !
On dira, dans l’histoire,
Qu’il a mérité
Sa gloire
Et sa félicité !…

Au reste, une grande révolution était en train de s’opérer dans le vaudeville à cette époque, et cette révolution était faite par un homme qui, depuis, a proscrit les autres comme révolutionnaires. Nous voulons parler de Scribe, qui, dans la révolution littéraire de 1820 à 1828, joua à peu près le rôle que jouèrent les girondins dans la révolution politique de 1792 à 1793.

Avant Scribe, à part les charmantes ébauches de Désaugiers, les vaudevilles n’étaient guère que des canevas sur lesquels brodaient les acteurs. Comme on se préoccupe aujourd’hui de faire un rôle à M. Arnal, à M. Bouffé ou à mademoiselle Rose Chéri, on ne se préoccupait point, alors, de faire un rôle à M. Potier, à M. Brunet ou à M. Perrin. — M. Perrin, M. Brunet ou M. Potier, trouvaient leurs rôles indiqués à la première répétition, et les faisaient ce qu’ils étaient à la première représentation.

Ce fut Scribe, qui, le premier, au lieu de canevas, fit des pièces. Entre ses mains habiles, l’intrigue se noua, et l’on eut,