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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/249

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

les Odes et Ballades, l’autre avec les Méditations, les premiers essais d’une poétique nouvelle ; de 1820 à 1824, Nodier publie des romans de genre qui ouvrent une voie nouvelle, celle du pittoresque ; de 1824 à 1828, ce sera le tour de la peinture de faire son mouvement ; enfin, de 1828 à 1835, s’accomplira la révolution dramatique, que suivra presque immédiatement celle du roman historique et de fantaisie.

Alors, le xixe siècle, sorti des langes paternels, prendra sa couleur et conquerra son originalité.

Il va sans dire que, lié comme je l’ai été avec tous les grands peintres et tous les grands statuaires de l’époque, chacun d’eux passera à son tour dans ces mémoires, gigantesque galerie où chaque nom illustre laissera sa vivante statue.

Revenons à Soulié.

On venait de lui renvoyer en épreuve la première de ses pièces de vers qui ait eu les honneurs de l’impression ; elle était intitulée la Folle de Waterloo, et avait été faite à la demande de Vatout, pour l’ouvrage qu’il publiait sur la galerie du Palais-Royal.

Il va sans dire que Soulié nous la lut.

La voici. — Nous tâcherons de constater ainsi le point de départ de tous nos grands poëtes. En voyant le but auquel ils sont arrivés, on mesurera la distance parcourue. Peut-être quelques contemporains maussades nous diront que peu leur importent et le point de départ et le point d’arrivée : à ceux-là, nous répondrons que nous n’écrivons pas précisément pour l’an 1851 ou l’an 1852, mais pour ce pieux avenir qui ramasse le ciseau, le crayon ou la plume échappés aux mains des illustres mourants.

LA FOLLE DE WATERLOO.

Un jour, livrant mon âme à la mélancolie,
J’avais porté mes pas errants
Dans ces prisons où la folie
Est offerte en spectacle aux yeux indifférents.