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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/254

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Je m’inclinai en signe d’assentiment.

— Vous avez une très-belle écriture ; vous faites admirablement les cachets et les enveloppes ; travaillez, et M. Oudard aura soin de vous.

— En attendant, reprit Oudard, monseigneur veut bien vous confier un important travail ; Son Altesse désire qu’il soit fait promptement et correctement.

— Je ne le quitterai point qu’il ne soit terminé, répondis-je, et je ferai de mon mieux pour arriver à cette correction que désire Son Altesse.

Le duc fit à Oudard un signe qui voulait dire : « Ce n’est pas trop mal pour un provincial. » Puis, passant devant moi :

— Venez dans cette chambre, me dit-il, et mettez-vous à cette table.

En même temps, il m’indiqua un bureau.

— Ici, vous serez tranquille.

Et il ouvrit une liasse dans laquelle étaient rangées, par ordre, une cinquantaine de pages, toutes de sa longue écriture, écrites des deux côtés et numérotées au recto.

— Tenez, me dit-il, copiez depuis ici jusque-là ; si vous arrivez là avant que je sois rentré, vous m’attendrez ; j’ai quelques corrections à faire à certains passages, et je les ferai en vous dictant.

Je m’assis, et me mis à la besogne.

Le travail que l’on m’avait confié se rapportait à un événement dont le bruit venait de se répandre, et qui ne laissait pas que de préoccuper Paris.

Il s’agissait de la réclamation que faisait Maria-Stella-Petronilla Chiappini, baronne de Sternberg, du rang et de la fortune du duc d’Orléans, qu’elle prétendait lui appartenir.

Voici sur quelle fable était fondée cette prétention. Il est bien entendu que, sans croire un seul instant à la justice de sa réclamation, nous nous plaçons au point de vue de Maria-Stella.

Madame la duchesse d’Orléans, mariée en 1768, n’avait encore donné, au commencement de janvier 1772, à Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, son mari, qu’une fille morte en naissant.