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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/262

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» Vu les actes, etc. ; — ayant entendu les défendeurs respectifs, etc. ; — Considérant que Laurent Chiappini, étant près du terme de sa vie, a, par une lettre qui fut remise à la demanderesse, après le décès du susdit Chiappini, révélé à la même demanderesse le secret de sa naissance, en lui manifestant clairement qu’elle n’est pas sa fille, mais la fille d’une personne qu’il déclare ne pas pouvoir nommer ; qu’il a été légalement reconnu par les experts que cette lettre est écrite de la main de Laurent Chiappini ; que le dire d’un homme moribond fait pleine preuve, puisqu’il n’a plus intérêt à mentir, et que l’on présume qu’il ne pense qu’à son salut éternel ; qu’on doit regarder un tel aveu comme un serment solennel, et comme une disposition faite en faveur de l’âme et de la cause pie ; qu’en vain, M. le curateur essayerait d’ôter à ladite lettre sa vigueur, attendu qu’il n’y est point indiqué quels étaient, les vrais père et mère de la demanderesse, puisque — quoiqu’il y ait réellement le défaut de cette indication — on a eu néanmoins recours, de la part de la même demanderesse, à la preuve testimoniale, aux présomptions et aux conjectures ; que, lorsqu’il y a commencement de preuve par écrit, comme dans le cas présent, on peut, même dans la question d’état, introduire la preuve testimoniale et tout autre argument ; que, si, dans la cause d’état, à la suite du principe de preuve par écrit, celle au moyen de témoins est aussi admissible, on devra, à plus forte raison, la retenir dans cette cause, où l’on ne requiert qu’une pièce pour s’en servir après, dans la question d’état ; — considérant que, des dépositions judiciaires et assermentées des témoins, Marie et Dominique-Marie, sœurs Bandini, il résulte clairement avoir eu lieu la convention entre M. le comte et le sieur Chiappini de troquer leurs enfants respectifs, dans le cas où la comtesse donnerait le jour à une fille et la femme Chiappini à un garçon ; que le troc convenu s’effectua véritablement, et, le cas prévu s’étant vérifié, que la fille fut baptisée dans l’église du prieuré de Modigliana, sous les noms de Maria-Stella, en l’indiquant faussement fille des époux Chiappini ; qu’elles déposent unanimement de l’époque du troc, laquelle coïncide avec celle de la naissance de la de-