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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/263

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

manderesse, et qu’elles allèguent la cause de la science, etc. ; — considérant que c’est en vain que M. le curateur oppose l’invraisemblance de cette déposition, puisque, non-seulement on ne rencontre aucune impossibilité dans leurs dires, mais qu’ils sont, au contraire, appuyés et vérifiés par une très-grande quantité d’autres présomptions et conjectures ; qu’une très-forte conjecture se déduit de la voix publique et des bruits qui, alors, se répandirent sur le fait du troc, laquelle voix publique, par rapport aux choses anciennes, se compte pour une vérité et pour une pleine science ; que cette voix publique est prouvée, non-seulement par les dépositions des sœurs Bandini susdites, mais aussi par l’attestation de M. Dominique de la Valle et par celles des autres témoins de Brisighella et des témoins de Ravenne, toutes légalement et judiciairement examinées dans leurs pays et devant les tribunaux respectifs ; que les vicissitudes auxquelles fut assujetti M. le comte convainquent de la réalité du troc ; qu’il est prouvé aux actes que, par suite des bruits répandus à Modigliana sur l’échange en question, le comte de Joinville fut forcé de quitter les lieux pour se réfugier dans le couvent de Saint-Bernard de Brisighella, d’où, étant sorti pour se promener, il fut arrêté, et puis, après avoir été gardé pendant quelque temps au palais public de Brisighella, il fut conduit par les gardes suisses de Ravenne par-devant Son Éminence M. le cardinal légat, qui le remit en liberté, etc. ; que M. le comte Biancoli Borghi atteste, dans son examen judiciaire, que, tandis qu’il dépouillait les anciens papiers de la maison Borghi, il lui tomba sous la main une lettre écrite de Turin à M. le comte Pompée Borghi dont il ne se rappelle pas la date, signée : « Louis, comte de Joinville, » laquelle portait que l’enfant troqué était mort, et qu’il ne restait plus de scrupule à son égard ; — considérant que le même comte Biancoli Borghi allègue la science comme motif de sa déposition ; que le fait du troc est aussi prouvé par le changement en meilleure fortune de Chiappini, etc. ; que celui-ci parla du troc à un certain don Bandini de Variozo, etc. ; que la demanderesse reçut une éducation convenable à son rang distingué, et non pas comme on aurait élevé la fille d’un geô-