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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/287

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Quand en poudre est tombé le diadème d’or ;
Son vivace laurier pousse et verdit encor ;
Dans la postérité, perspective inconnue,
Le poëte grandit et le roi diminue !

Ça, causons un peu, monsieur Guizard, car vous n’avez pas compté que cela se passerait ainsi ; vous n’avez point espéré que vous en seriez quitte pour quelques mots à double entente insérés dans un journal qui s’imprime hier, qui paraît aujourd’hui, et qu’on oublie demain.

Non, quand on fait de pareils outrages à l’art, il est bon que le coupable soit distrait de ses juges naturels, et conduit devant une chambre haute, comme vos modèles ont fait pour Trélat et Cavaignac devant la chambre des pairs, comme vos amis ont fait pour Raspail, Hubert et Sobrier devant la cour de Bourges.

Et c’est moi qui vous cite à comparaître, monsieur Guizard, vous qui avez remplacé mon ami Cavé, comme chargé du département des beaux-arts.

Voyons, maintenant que l’on rogne sur tout, n’aurait-on pas rogné quelques lettres à votre emploi ? et, au lieu d’être chargé du département, ne seriez-vous pas tout simplement chargé du départ des beaux-arts ?

D’ailleurs, j’ai à raconter ce qui s’est passé entre vous et moi, il y a trois mois.

Vous rappelez-vous que j’eus l’honneur de vous faire une visite, il y a trois mois ?

J’allais vous prévenir, de la part du directeur du Cirque, que, pour nous donner le temps d’attendre la Barrière de Clichy, nous allions remettre à l’étude le Chevalier de Maison-Rouge.

Le Chevalier de Maison-Rouge ! vous écriâtes-vous.

— Oui.

— Mais le Chevalier de Maison-Rouge, n’est-ce point un drame à vous ?

— Oui.