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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 3.djvu/78

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Juste au moment où, par tous ces méfaits successifs, Pyrame avait encouru, non-seulement notre réprobation particulière, mais encore la réprobation générale, une occasion avantageuse s’offrit de m’en défaire.

Comme cette occasion revêtit pour moi toutes les formes du miracle, qu’on me permette de ne pas anticiper sur les événements, et de raconter le miracle à son jour et à son heure.

Occupons-nous, pour le moment, de ce retour inattendu de l’enfant prodigue à la maison maternelle, retour dont Pyrame et Cartouche nous ont épisodiquement écartés.

LXVIII

Espoir en Laffitte. — Espoir déçu. — Projets nouveaux. — M. Lecornier. — Comment et à quelles conditions je m’étais habillé à neuf. — Bamps, tailleur, rue du Helder, 12. — Bamps à Villers-Cotterets. — Je visite avec lui notre propriété. — Pyrame suit un boucher. — Un caprice d’Anglais. — Je vends Pyrame. — Mes premiers cent francs. — L’emploi qu’ils ont. — Bamps repart pour Paris. — Crédit ouvert.

Quoique j’eusse répondu à ma mère que mon retour n’était que provisoire, comme disait M. Lefèvre, elle s’était bien doutée, au fond, que ce retour était définitif.

Son doute se changea en certitude, quand elle se vit passer le dimanche, le lundi, le mardi, sans que je parlasse de retourner à Crépy ; mais, pauvre mère ! elle ne me dit pas un mot de cette catastrophe ; il lui en avait tant coûté de se séparer de moi, que, puisque Dieu m’avait renvoyé à elle, elle me rouvrait maternellement sa porte, ses bras et son cœur.

Au reste, j’avais quelque espoir : Adolphe m’avait promis de faire faire pour moi des démarches auprès de M. Laffitte, le banquier ; si M. Laffitte m’accordait une place dans ses bureaux, où l’on était occupé de dix heures à quatre heures, il nous resterait toute la soirée et toute la matinée pour travailler.

D’ailleurs, ne restât-il pas de temps, on en ferait. Le prin-