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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/10

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

— Ah ! c’est vrai… Eh bien, jeune homme, voyons, dites-nous des vers.

— Quelque chose de votre tragédie.

— Ah ! vous faites une tragédie ?

— Oui, monsieur.

— Sur quel sujet ? demanda M. Parseval de Grandmaison.

— Sur Christine.

— Beau sujet ! Chose en a fait une sur le même sujet… bien mauvaise, ah ! bien mauvaise !

— Pardon, messieurs, j’aimerais mieux vous dire autre chose que des vers de ma tragédie.

Les vers de ma tragédie étaient des vers de drame qui n’eussent probablement pas été fort du goût de ces messieurs.

— J’aimerais mieux, continuai-je, vous dire une ode.

— Oh ! oh ! une ode ! fit M. Parseval de Grandmaison.

— Oh ! oh ! une ode ! fit M. Pieyre.

— Oh ! oh ! une ode ! fit M. Bichet.

— Va pour l’ode, dit M. Parseval. Sur quoi votre ode, jeune homme ?

— Vous savez que, depuis quelque temps, on s’occupe fort de la Peyrouse ? Les journaux ont même annoncé dernièrement qu’on avait retrouvé des traces de son naufrage…

— Ont-ils annoncé cela ? demanda M. Bichet.

— Oui, oui, fit M. Pieyre.

— Je l’ai beaucoup connu, moi, la Peyrouse, fit M. Parseval de Grandmaison.

— Moi aussi, dit M. Pieyre.

— Moi, je ne l’ai pas connu, dit M. Bichet ; mais j’ai connu Piron.

— Ce n’est pas la même chose, dit M. Parseval.

— Voyons votre ode, jeune homme, dit M. Pieyre.

— La voici, monsieur, puisque vous le voulez.

— Allez ! allez ! fit le papa Bichet, et n’ayez pas peur.

Je rassemblai toutes mes forces, et, d’une voix assez assurée, je dis les vers suivants, dans lesquels on pourra remarquer, je crois, quelques progrès :