tant d’elle, sans savoir ce que voulaient dire toutes ces fleurs, et même, peut-être, sans savoir que c’étaient des fleurs.
À-heures de l’après-midi, le lendemain de la représentation, le manuscrit était vendu six mille francs.
Je touchai les six mille francs en six billets de banque ; je montai chez M. Deviolaine, et les lui montrai.
— Qu’est-ce que c’est que cela ? demanda-t-il.
— C’est le prix du manuscrit, lui répondis-je. Vous voyez que les trois mille francs de M. Laffitte y sont, et trois autres mille francs avec.
— Comment ! s’écria M. Deviolaine, il y a des imbéciles qui t’ont acheté cela ?
— Vous le voyez bien.
— Faut-il que ces b…-là soient bêtes !
Puis, me rendant les billets en haussant les épaules :
— Tu ne me demandes pas seulement comment je me porte ?
— Je n’osais pas… Eh bien ?
— C’est un peu passé, heureusement.
— Avez-vous pu retourner au théâtre ?
— Oui, j’y ai été pour la fin.
— Y étiez-vous quand on m’a nommé ?
— Parbleu !
— Et cela ne vous a pas fait un peu plaisir ?
— Un peu ! c’est-à-dire, animal, que je pleurais comme un veau…
— Allons donc ! on a bien de la peine à vous faire avouer cela… Voyons, embrassez-moi.
— Ah ! dit M. Deviolaine, si ton pauvre père était là !
— Ma mère aurait pu y être, si on ne l’avait pas rendue si malheureuse.
— Allons, bon ! ne vas-tu pas dire que c’est ma faute si ta mère est dans son lit, à présent ? Mille tonnerres ! cela m’a assez tourmenté pendant ta représentation ; je ne pensais qu’à cela ; je crois que c’est cette idée-là qui m’avait flanqué la colique… À propos, que vont-ils dire dans la maison ?
Je lui montrai la lettre de M. de Broval.