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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/117

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Nous arrivâmes vers les dix heures. Le garçon s’appelait Philippe.

— Philippe ! lui criai-je en passant, les pistolets n° 5, et vingt-cinq balles.

Philippe arriva.

— Les vingt-cinq balles, soit, dit-il ; mais les pistolets n° 5, non… à moins que vous ne vouliez tirer avec un seul.

— Pourquoi cela ?

— Parce qu’ils ont été loués ce matin à un monsieur qui avait un duel, et que vous voyez l’état dans lequel on vient de les rapporter.

En effet, le second pistolet n° 5 avait la sous-garde brisée et la crosse emportée.

— Et qui a fait cela ?

— Tiens ! une balle, dit Philippe.

— Eh bien, mais le monsieur qui le tenait ?…

— Il a eu les deux doigts coupés.

— Coupés ?

— Oh ! coupés !

— Il en est pour ses deux doigts, alors ?

— Et pour le raccommodage du pistolet.

— Et comment s’appelle-t-il, ce monsieur ?

— Je ne me souviens pas de son nom ; tout ce que je sais, c’est qu’il se battait avec M. Carrel.

— Bah ?

— Oui.

— Vous êtes sûr ?

— Parbleu ! ce sont les témoins de M. Carrel qui ont rapporté les pistolets.

— Tiens, dis-je à Adolphe, voilà qui pourrait bien ajourner mon affaire de demain.

Je lui racontai, alors, que mon adversaire devait se battre le même jour avec Carrel, et que c’était probablement lui qui avait eu deux doigts coupés.

— C’est bien facile à savoir, dit Adolphe, allons prendre de ses nouvelles.

Nous nous rendîmes chez M. X*** ; c’était lui effectivement