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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/116

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

et d’arrêter, séance tenante et pour le lendemain matin, les conditions du combat avec l’auteur de l’article.

Il s’est écoulé un si long temps depuis cette époque, et j’ai si peu la mémoire des blessures, que j’ai complètement oublié et le titre du journal, et le nom de l’écrivain auquel j’avais affaire.

Je le regrette pour ce dernier, car il se montra si bien, dans toute cette affaire, que je demeurai convaincu qu’il avait pris la responsabilité d’un article qui n’était pas de lui.

Dans l’impossibilité où je suis de me rappeler son nom, qu’on me permette de l’appeler M. X***.

De la Ponce revint au bout d’une heure La rencontre était acceptée pour le surlendemain, M. X***, qui s’était reconnu l’auteur de l’article, se battant le lendemain avec Carrel.

J’allai faire une visite à Carrel, que je connaissais de longue date pour l’avoir vu chez M. de Leuven, et avec Méry. Comme moi, il avait été insulté gratuitement ; comme moi, il avait demandé raison ; et, en effet, il se battait au pistolet avec mon futur adversaire, le lendemain, à huit heures du matin.

Carrel me complimenta sur mon succès, et me promit de faire tout ce qu’il pourrait pour que M. X*** ne se battit pas avec moi le surlendemain.

Triste chose ! j’entrais à peine dans la carrière dramatique, et, en moins de huit jours, j’étais déjà forcé de demander raison à deux hommes, non pas de critiques faites sur mon talent, mais d’injures faites à ma personne.

Quelques mots de de la Ponce m’avaient fait croire que l’arme choisie serait le pistolet, et ce que m’avait dit Carrel me confirma dans cette opinion ; il en résulta qu’ayant rencontré Adolphe, je lui racontai ce qui m’arrivait, le priant de venir, le lendemain, faire une partie de tir avec moi.

Quoique je n’eusse pas grand argent à dépenser, il m’en était toujours resté assez pour qu’une fois par mois, je pusse aller faire une séance chez Gosset.

J’y étais donc connu presque à titre d’habitué.