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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/146

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

fres, et que je m’empresserai d’en donner les preuves au public dans le plus court délai.

» Je suis aussi en mesure de relever le fait faux qu’aucun des signataires de la pétition ait voulu retirer ou désavouer sa signature ; mais je sais, au contraire, que plusieurs de nos auteurs les plus distingués se préparent à faire paraître leur adhésion au Mémoire au roi.

» Je suis, etc.

» J. Duchesnois. »

Nous avons dit que, sous un ministre spirituel, tout le monde a de l’esprit, même le roi.

Le roi répondit aux pétitionnaires :

« Messieurs,

» Je ne puis rien pour ce que vous désirez ; je n’ai, comme tous les Français, qu’une place au parterre. »

Maintenant, on me demandera comment M. Arnault conciliait cette demande contre moi, avec son amitié pour moi ? comment, me recevant, tous les dimanches, chez lui à sa table, dans son intimité, il voulait me faire chasser du théâtre ?

Oh ! qu’on se rassure ! M. Arnault était un esprit plus logique que cela : le dimanche qui avait suivi la représentation d’Henri III, — et c’était le lendemain, — j’avais trouvé madame Arnault toute seule à la maison, et elle m’avait dit en manière de conversation :

— Dumas, quand vous voudrez bien venir dîner avec nous, dites-nous-le d’avance, car vous risqueriez parfois de faire comme aujourd’hui, un dîner tête à tête avec moi, ce qui ne serait pas très-amusant pour vous.

J’avais compris, et je n’y étais pas retourné.

Au reste, le succès d’Henri III avait amené à sa suite tous les avantages et tous les ennuis des grands succès ; j’étais, pour le reste de l’hiver de 1829, l’auteur à la mode ; je recevais invitations sur invitation et M. Sosthène de la Rochefou-