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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/145

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

» Il me serait difficile d’énumérer toutes les preuves de la mauvaise volonté de M. Taylor ; mais en voici quelques-unes qui suffiront pour vous convaincre. Trois jeunes acteurs attirés de l’Odéon prétaient quelque appui et quelque intérêt à la tragédie. M. Taylor a tenté de les chasser de la Comédie-Française. Il a réussi à l’égard de MM. Ligier et Victor ; et, si M. David nous a été conservé, c’est par un jugement des tribunaux qui a forcé la volonté de M. le commissaire royal. M. Beauvallet, jeune homme qui donne de grandes espérances aux amis de l’art dramatique, s’est vu forcé de s’engager à un théâtre secondaire.

» Ce n’est pas tout ; pour accomplir le dessein romantique, ma présence et celle de M. Lafond étaient importunes. Nous reçûmes, cet hiver, une intimation et presque un ordre de quitter Paris pour un an, et sans l’avoir sollicité, comme quelques journaux mal informés l’ont annoncé.

» C’est dans de telles circonstances, monsieur, que des littérateurs distingués qui, par leurs rapports avec les acteurs, connaissent bien mieux la situation du Théâtre-Français que les auteurs de plusieurs articles, ont cru devoir présenter un mémoire au roi, non pour demander l’exclusion du genre nouveau (plaisanterie inventée par les amis de M. Taylor, pour se donner l’avantage d’appeler ridicule une démarche honorable), mais pour réclamer une protection au moins égale pour les auteurs qu’on appelle classiques, et pour les acteurs qui soutiennent ce genre.

» Je vous prie de vouloir bien annoncer, monsieur, que je viens d’appeler MM. Taylor et le vicomte de la Rochefoucauld devant les tribunaux pour avoir à répondre d’une violation de nos règlements sociaux, au moyen de laquelle ils ont prorogé, depuis quatre ans, l’existence d’un comité qui devait, aux termes de nos statuts, être renouvelé par tiers chaque année.

» Je vous prie de vouloir bien aussi déclarer, en mon nom, que l’article renfermé dans le Journal de Paris de ce matin est erroné dans toutes ses propositions et dans tous ses chif-