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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/192

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

féodal rappelant les barons pasteurs du moyen âge, pour celui de Volney, qui ne rappellerait qu’un nom de comédien de province, si le gentilhomme qui eut la singulière fantaisie de prendre ce nom ne Petit illustré en le mettant au commencement de son Voyage en Égypte, et à la fin de son livre des Ruines ; elle était, en outre, cousine d’une autre illustration impériale moins littéraire, plus politique, — du comte Cornet.

Le comte Cornet, un peu oublié peut-être aujourd’hui, député de Nantes, était arrivé au Conseil des Cinq-Cents ; il s’y trouvait dans la fameuse journée du 18 brumaire, qui changea pour un demi-siècle la face de la France. Au lieu de défendre les privilèges de l’Assemblée, il soutint les prétentions de Bonaparte ; Napoléon, reconnaissant, le fit sénateur, — récompense ordinaire de ces sortes de services, — puis comte ; et, pour qu’il eût toutes choses, sinon en même qualité, au moins en même quantité que les membres de l’ancienne noblesse qui s’étaient ralliés à l’Empire, il lui donna un blason ; seulement, par une de ces plaisanteries comme le soldat couronné s’en permettait parfois, ce blason, qui rappelait l’origine tant soit peu roturière de celui qu’il était destiné à anoblir, était d’azur à trois cornets d’argent.

Quant à madame Hugo, elle se nommait Sophie Trébuchet.

Elle avait, comme on le voit, deux pairies dans sa famille, la pairie du comte Volney et la pairie du comte Cornet.

Consignons ce fait ; nous aurons l’occasion d’y revenir.

Pour le sang lorrain dont parle le poète, il lui venait de son père, Joseph-Léopold-Sigisbert Hugo.

De ce côté, c’était autre chose : la noblesse était bien réelle, et sortait de vieille souche allemande.

Son aïeul, Georges Hugo, capitaine des gardes de je ne sais quel duc de Lorraine, avait, en 1531, et par lettres patentes datées de Lillebonne, en Normandie, été anobli par ce duc, qui lui avait donné pour blason un champ d’azur au chef d’argent chargé de deux merlettes de sable.

Trois merlettes sont, comme on le sait, les armes de la maison de Lorraine. On voit que le duc ne pouvait faire da-