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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/222

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

trois mille hommes était une galanterie que lui avait faite l’illustre duc.

La reine passée, comme la grande tenue était devenue inutile, on reprit la petite tenue, on réintégra la grande dans le sac, on donna le signal du départ, et l’on se remit en route.


CXXVIII


Ségovie. — M. de Tilly. — L’Alcazar. — Les doublons. — Le château de M. de la Calprenède et celui du grand d’Espagne. — Les bourdalous. — Otero. — Encore les Hollandais. — Le Guadarrama. — Arrivée à Madrid. — Le palais de Masserano. — La comète — Le collége. — Don Manoel et don Bazilio. — Tacite et Plaute. — Lillo. — L’hiver de 1812 à 1813. — L’Empecinado. — Le verre d’eau sucrée. — L’armée de mérinos. — Retour à Paris.

On arriva à Valladolid ; puis, de Valladolid, où l’on fit une halte de quelques jours, on gagna Ségovie à travers des montagnes abruptes, tantôt taillées à pic, tantôt conduisant par d’assez douces pentes à des sommets du haut desquels on découvrait de vastes plaines embrasées par le soleil de juin.

Le comte de Tilly, homme de l’ancienne cour, page du roi Louis XVI, et qui a laissé des Mémoires qui manquent point, je ne dirai pas d’un certain intérêt, mais d’un certain pittoresque, chose plus rare à cette époque, était gouverneur de Ségovie. Il vint recevoir madame Hugo à la portière de sa voiture, l’installa dans un palais, et se chargea d’elle et de ses enfants pour tout le temps qu’ils seraient à Ségovie.

Ce qui frappa le plus notre jeune poëte pendant son séjour dans cette ville, ce qui laissa un double souvenir dans son esprit, ce fut sa visite à l’Alcazar ; palais de fée splendide, moins renommé mais aussi beau que ceux de Grenade et de Séville, avec sa salle où sont peints, dans des trèfles et sur fond d’or tous les portraits des rois mores.

Nous n’avons pas besoin de dire que ces peintures sont pos-