tuèrent leur départ et retournèrent de Madrid à Bayonne avec le même bonheur qu’ils étaient venus de Bayonne à Madrid.
Madame Hugo avait gardé à tout hasard le couvent des Feuillantines, où les deux enfants retrouvèrent leur ancien nid, plein d’ombre et de lumière, de récréation et de travail ; et, de plus, l’abbé Larivière et son Tacite.
Abel Hugo, soldat à treize ans, était resté près de son père, auquel il servit d’aide de camp, pendant la retraite d’Espagne, c’est-à-dire après ces deux grandes batailles de Salamanque et de Vittoria, — le Leipzig et le Waterloo du Midi !
CXXIX
En rentrant en France, les débris de l’armée d’Espagne trouvèrent un corps d’observation français qui les attendait avec l’ordre impérial d’incorporer l’armée espagnole dans l’armée française.
Seulement, ces quatre ans de service en Espagne, cette laborieuse campagne pendant laquelle on avait eu à lutter, non-seulement contre deux armées, mais encore contre une population tout entière ; ces sièges terribles qui n’ont leur équivalent que dans l’antiquité, où femmes et enfants, le fusil et le poignard à la main, défendaient chaque angle de rempart, chaque maison, chaque pierre ; ces sierras qui avaient rappelé la guerre des Titans en allumant des feux sur toutes les hautes cimes ; ces montagnes à pic enlevées par des charges de cavalerie ; ces rochers défendus et emportés un à un ; ces vingt défilés qui furent autant de Thermopyles ; cette boucherie dans laquelle la torture et la mort attendaient le pri-