battait même pas ; j’avais envisagé les choses au pis, et j’étais préparé à tout.
— Ah ! te voilà donc, sacrée tête de fer ! s’écria M. De Violaine en m’apercevant.
— Oui, monsieur, me voilà.
— Ah ! ah ! monsieur !
Je ne répondis pas.
— Nous sommes donc trop grand seigneur pour travailler avec tout le monde ? continua M. Deviolaine.
— Vous vous trompez… tout au contraire, je ne suis pas assez grand seigneur pour travailler avec les autres, puisque j’ai besoin de travailler seul.
— Et tu demandes un bureau seul, pour n’y rien faire, que tes ordures de pièces ?
— Je demande un bureau seul, pour avoir le droit de penser en travaillant.
— Et, si je ne te le donne pas, ce bureau seul ?
— Je me ferai écrivain public. Vous savez que je n’ai pas d’autre ressource.
— Aussi, tu peux te vanter que, si je ne t’envoie pas tout de suite à ton échoppe, ce n’est pas pour toi, c’est pour ta mère.
— Je ne l’ignore pas, et je vous en suis reconnaissant pour elle.
— Eh bien, prends-le donc, ton bureau ! Mais je te préviens d’une chose…
— Vous me donnerez une besogne double de celle des autres ?
— Parfaitement.
— Ce sera une injustice, voilà tout ; mais, comme je ne suis pas le plus fort, je la subirai.
— Une injustice ! une injustice ! s’écria M. Deviolaine ; sais-tu que je n’en ai jamais fait une seule, injustice ?
— Il y a commencement à tout, à ce qu’il parait.
— A-t-on vu ! mais a-t-on vu ce bigre-là ! continua M. Deviolaine en se promenant de long en large dans son bureau ; a-t-on vu ! a-t-on vu !…