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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Le glaive et l’Alcoran, dans mes terribles mains,
Imposeraient silence au reste des humains !

C’était parfaitement insensé ; aussi, sur mes instances, et malgré les réclamations de Michelot, qui espérait bien à part lui que ces quatre vers produiraient leur effet, la coupure fut-elle décidée et impitoyablement maintenue.

J’ai dit qu’il n’en était pas de même de Joanny ; Joanny était un vieux soldat plein d’honneur et de franchise qui arrivait à la quatrième répétition sans manuscrit, et sachant déjà imperturbablement son rôle ; de sorte que, s’il y avait réellement quelque reproche à lui faire, c’était celui d’être blasé par trente ou quarante répétitions générales, quand venait le jour de la première représentation.

Cette première représentation était pour le parti une affaire importante. J’avais gagné le Valmy de la révolution littéraire ; il s’agissait pour Hugo d’en gagner le Jemmapes, et, alors, l’école nouvelle était lancée sur la voie des victoires.

Aussi, quand viendra cette première représentation d’Hernani, lui accorderons-nous toute l’attention qu’elle mérite.

Mais, pour le moment, force nous est, esclave que nous sommes de la chronologie, de passer de Victor Hugo à de Vigny, d’Hernani à Othello.


CXXXIII


Alfred de Vigny. — L’homme et ses œuvres. — Harel, directeur de l’Odéon. — Chute de la Christine de Soulié. — Parenthèse à propos de Lassailly. — Lettre d’Harel, avec préface de moi et post-scriptum de Soulié. — Je lis ma Christine à l’Odéon. — Harel me demande de la mettre en prose. — Première représentation du More de Venise. — Les acteurs et les journaux.

À la place de Marion Delorme, et en attendant ce fameux 1er octobre où Hugo s’était engagé à donner le drame inconnu auquel il travaillait, le Théâtre-Français s’était décidé à mettre en répétition l’Othello de Shakspeare, traduit par Alfred de Vi-