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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/293

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

commençait ainsi cette série de bonnes relations qu’elle a toujours eues avec moi, lorsque je reçus une lettre d’Harel conçue en ces termes :

« Mon cher Dumas, que dites-vous de cette idée de mademoiselle Georges : 

» Jouer immédiatement votre Christine sur le même théâtre et avec les mêmes acteurs qui ont joué la Christine de Soulié ?

» Quant aux conditions, c’est vous qui les ferez. »

» Ne vous préoccupez pas de cette idée que vous étranglez la pièce d’un ami ; elle est morte hier de sa belle mort.

» Votre tout dévoué, 
» Harel. »

J’appelai mon domestique, et, au-dessus de l’épître que je viens de transcrire, j’écrivis ces mots :

« Mon cher Frédéric, lis cette lettre. 

» Quel brigand que ton ami Harel !

» À toi,
« Alex Dumas. »

Mon domestique porta la lettre à la scierie de la Gare. Une heure après, il me rapporta la réponse.

Au bas de la même lettre, Frédéric avait écrit :

« Mon cher Dumas,

» Harel n’est pas mon ami, c’est un directeur. 

» Harel n’est pas un brigand, c’est un spéculateur. 

» Je ne ferais pas ce qu’il fait, mais je lui conseillerais de le faire.

» Ramasse les morceaux de ma Christine, — et il y en a