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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/8

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

semblais être appelé ne figuraient pas mal Minos, Éaque et Rhadamanthe.

Je m’inclinai assez surpris.

— Tenez, le voici, dit M. Bichet. Il a, ma foi, une très-belle écriture, une écriture qui ressemble à celle de Piron, et, en trois jours, il m’a fait la besogne de quinze.

— Qu’est-ce que vous m’avez déjà dit que faisait monsieur ? demanda le grand vieillard.

— Parbleu, des vers !

— Ah ! oui, c’est vrai, des vers…

J’eus une illumination.

— C’est à M. Parseval de Grandmaison que j’ai l’honneur de parler ? demandai-je.

— Oui, monsieur, me répondit-il.

Puis, se tournant vers l’autre vieillard :

— Imaginez-vous, mon cher Pieyre, dit-il, que je suis si distrait, qu’il m’est arrivé, l’autre jour, la chose la plus extraordinaire.

— Que vous est-il donc arrivé ?

— Imaginez-vous que j’avais oublié mon nom.

— Bah ! fit M. Bichet.

— Votre nom, à vous ?… votre propre nom ? demanda M. Pieyre.

— Mon nom, à moi, mon propre nom ! C’était au contrat de mariage de… chose… vous savez, qui a épousé la fille de chose ?…

— Comment voulez-vous que je vous aide, sur de pareils renseignements ?

— Eh ! mon Dieu ! la fille de chose… qui est mon collègue à l’Académie… qui fait des comédies… qui a fait… je ne sais plus, moi, ce qu’il a fait… Une pièce que Mercier avait déjà faite, vous savez bien ?…

— Alexandre Duval ?…

— Eh bien, c’était au contrat de chose… qui a épousé sa fille… un architecte… qui a fait un ouvrage sur chose… qui a été brûlée… dans cette éruption du Vésuve, où est mort chose…