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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 5.djvu/95

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

Béranger n’appela point du jugement, et se constitua prisonnier au commencement de l’année 1829.

Un mois après son écrou, M. Viennet le visita.

— Eh Bien, mon grand chansonnier, lui demanda l’auteur de la Philippide, combien avez-vous déjà fait de chansons, depuis que vous êtes sous les verrous ?

— Pas encore une, répondit Béranger ; croyez-vous qu’une chanson se fasse comme un poëme épique ?

CXIX

Le duc d’Orléans me fait supprimer les gratifications. — Un folliculaire. — Henri III et la censure. — Ma mère est frappée de paralysie. — Cazal. — Edmond Halphen. — Visite au duc d’Orléans. — Première représentation d’Henri III. — Effet qu’elle produit sur M. Deviolaine. — Félicitations de M. de Broval.

C’était donc dans ces conditions-que s’offrait à moi l’année 1829, fixée pour ce grand duel entre mon passé et mon avenir.

Ma familiarité dans la maison Villenave m’avait ouvert quelques-uns des salons de l’époque, entre autres, celui de la princesse de Salm. J’y connus lady Morgan, Cooper et Humboldt.

Cependant, Henri III faisait grand bruit. Il n’était question que de la révolution que devait produire sa représentation. Je suivais mes répétitions avec une grande assiduité, attiré — à ce que je disais, moi, — par l’intérêt que je portais à l’ouvrage, et — à ce que disait mademoiselle Mars — par celui que je portais à une très-belle et très-gracieuse personne qui jouait un bout de rôle dans mon drame, à mademoiselle Virginie Bourbier.

Depuis le mois d’octobre, je n’avais pas remis le pied à mon bureau.

Aussi, quoique j’eusse assidûment travaillé pendant neuf mois de l’année, et, par conséquent, quoique j’eusse droit aux