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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/164

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

c’est Degousée, c’est Higonnet, c’est Grouvelle, c’est Coste, Guinard, Charras, Étienne Arago, Lothon, Millotte, d’Hostel, Chalas, Gauja, Baduel, Bixio, Goudchaux, Bastide, les trois frères Lebon, — Olympiade, Charles et Napoléon, le premier tué, les deux autres blessés à l’attaque du Louvre, — Joubert, Charles Teste, Taschereau, Béranger… Je demande pardon à ceux que je ne nomme pas et que j’oublie ; je demande pardon aussi à quelques-uns de ceux que je nomme, et qui aimeraient peut-être autant ne pas être nommés. Ceux qui ont fait la révolution de 1830, c’est cette jeunesse ardente du prolétariat héroïque qui allume l’incendie, il est vrai, mais qui l’éteint avec son sang ; ce sont ces hommes du peuple qu’on écarte quand l’œuvre est achevée, et qui, mourant de faim, après avoir monté la garde à la porte du Trésor, se haussent sur leurs pieds nus pour voir, de la rue, les convives parasites du pouvoir, admis, à leur détriment, à la curée des charges, au festin des places, au partage des honneurs.

Les hommes qui firent la révolution de 1830 sont les mêmes hommes qui, deux ans plus tard, pour la même cause, se firent tuer à Saint-Merry.

Seulement, cette fois-ci, ils avaient changé de nom, justement parce qu’ils n’avaient pas changé de principes : au lieu de les appeler des héros, on les appelait des rebelles.

Il n’y a que les renégats de toutes les opinions qui ne sont jamais rebelles à aucun pouvoir.