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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/165

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS


CLI


Je me mets à la recherche d’Oudard. — La maison du coin de la rue de Rohan. — Oudard chez Laffitte. — Degousée. — Le general Pajol et M. Dupin. — Les officiers du 53e de ligne. — Intérieur du salon de Laffitte. — Panique. — Une députation vient offrir à la Fayette le commandement de Paris. — Il accepte. — Étienne Arago et la cocarde tricolore. — Histoire de l’hôtel de ville depuis huit heures du matin jusqu’à trois heures et demie du soir.

Du reste, veut-on savoir où l’on en était chez M. Laffitte, — dans ce même salon où, le surlendemain, devait se faire, sinon un roi de France, au moins un roi des Français, — juste au moment où les Tuileries venaient d’être prises ?

Je puis le dire, et voici comment :

En sortant des Tuileries, j’avais été pris d’une envie enragée de m’assurer si Oudard était encore, le 29 juillet au soir, du même avis que le 28 au matin, à l’endroit du dévouement de M. le duc d’Orléans à Sa Majesté Charles X.

Je me rendis donc rue Saint-Honoré, no 216.

Place de l’Odéon, j’avais manqué d’être assommé par un Gradus ad Parnassum ; en approchant de mon no 216, je faillis être assommé par un cadavre.

Au coin de la rue de Rohan, on jetait les Suisses par les fenêtres.

Cela se passait dans la maison d’un chapelier dont la façade était criblée de balles. Un poste de Suisses avait été placé là comme garde avancée ; on avait oublié de le relever, et il avait tenu avec un courage suisse, c’est tout dire. La maison avait été emportée d’assaut ; une douzaine d’hommes y avaient été tués, et, des cadavres, on faisait ce que j’ai dit, sans prendre même la précaution de crier : « Gare là-dessous ! »

Je montai dans les bureaux du Palais-Royal. — Ce jour-là, mon fusil, qui avait causé une si grande terreur la veille, fut reçu avec des acclamations.