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Page:Dumas - Mes mémoires, tome 6.djvu/167

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MÉMOIRES D’ALEX. DUMAS

rieur certaines anecdotes qui se passaient à l’intérieur, et la foule grondait fort en les écoutant.

Une, entre autres, pourra donner une idée de la prudence de MM. les députés réunis chez Laffitte.

Dès le matin, Degousée, voyant l’hôtel de ville tombé aux mains du peuple, avait laissé Baude s’y installer, et avait couru chez le général Pajol pour lui offrir le commandement de la garde nationale.

Mais le général Pajol avait répondu qu’il ne pouvait pas se mettre en avant d’une façon si décisive sans avoir l’autorisation des députés.

— Et où diable y a-t-il des députés ? demanda Degousée.

— Voyez chez M. de Choiseul, avait répondu le général Pajol.

Degousée s’était rendu chez M. de Choiseul.

M. de Choiseul était aux cent coups : il venait d’apprendre à la fois qu’il était membre du gouvernement provisoire depuis la veille, et qu’il avait, dans la nuit, signé une proclamation incendiaire.

M. Dupin aîné était près du duc ; sans doute lui donnait-il une consultation sur ce cas, non prévu par la législation française.

Cette idée, émise par Degousée, de réorganiser un corps qui ne pouvait manquer de devenir un pouvoir conservateur, sourit beaucoup à M. Dupin.

Il prit une plume, et écrivit ces mots :

« MM. les députés réunis à Paris autorisent M. le général Pajol à prendre le commandement des milices parisiennes. »

— Des milices parisiennes ! avait répété Degousée ; et pourquoi, s’il vous plaît, des milices parisiennes ?

— Mais parce que la garde nationale a été légalement dissoute par l’ordonnance du roi Charles X, avait répondu M. Dupin.

— Allons, ne chicanons pas sur les mots, avait repris De-